Interviews

Amandine B. : voir les Playgrounds différemment

Depuis presque 3 ans maintenant, une voyageuse parcourt le monde avec son appareil photo et beaucoup de créativité. Amandine, qui photographie les plus beaux Playgrounds qui se présentent à elle lors de ses expéditions, nous a laissé lui poser quelques questions sur son projet, mais aussi sur son lien avec le basket, la photographie et les Playgrounds. Amateurs de basket et joueurs passionnés, préparez-vous à voir les Playgrounds avec de nouveaux yeux. Au-delà d’un plaisir esthétique, le travail d’Amandine est une invitation à les envisager d’une tout autre manière.

Amandine est une passionnée de longue date. Intéressée par la photographie depuis 10 ans environ, elle prend vraiment cette pratique à cœur et travaille sa technique depuis 4 ans maintenant. Paris, Shanghai, Venise, Santiago de Cuba, Honolulu, Boston, Seattle… Elle a photographié les Playgrounds des quatre coins du monde, tous différents les uns des autres.

Nous avons interrogé Amandine sur son histoire avec le basket, notamment en tant que fan de NBA :

« J’ai l’habitude de dire que je suis une « baby fan » de Basket, j’ai commencé à suivre la NBA, les championnats internationaux et ensuite les Ligues européennes il y a seulement 8 ans. Je n’avais pas spécialement de culture Basket au départ, et encore moins de la culture streetball. Le sport m’a toujours beaucoup intéressée, le foot évidemment, mais aussi le tennis, les compétitions internationales d’athlétisme ou encore le handball. Je n’avais que quelques notions de Basket, mais c’était tout. Il y a 8 ans, j’étais en voyage entre Seattle et Portland, et les Lakers jouaient au Rose Garden. Je me suis juste dit : « OK, c’est l’occasion ou jamais de voir jouer Kobe Bryant ! ». Je ne vais pas mentir, c’était le seul joueur que j’étais capable de citer dans l’effectif des Lakers ! Ce fut une révélation. J’ai tout adoré ! Et puis comme rien ne nous arrive jamais par hasard, quelques mois après ce match, mon chemin a croisé celui de quelqu’un qui a fait en partie mon éducation Basket, qui a eu la patience de m’expliquer les systèmes, me raconter des anecdotes historiques sur la NBA, les rivalités légendaires, et de répondre inlassablement à mes questions devant les matches. »

Photographiant les Playgrounds, nous nous devions de l’interroger sur son lien avec le streetball et ses pratiquants, qui occupent les terrains de jeu qu’Amandine immortalise :

« Le streetball, c’est un pan de la culture Basket que j’apprends à découvrir depuis que je photographie des Playgrounds, et ça me passionne de plus en plus. Au tout début du projet, quand j’arrivais sur un Playground, j’avais la hantise qu’il y ait des joueurs, car j’étais très mal à l’aise à l’idée de photographier des personnes que je ne connaissais pas … Et puis il y a eu les premières discussions spontanées avec des streetballers toujours hyper accueillants, souvent curieux de savoir pourquoi je venais faire des photos, et qui me parlaient de leur attachement au terrain, au Basket de rue, etc. » précise-t-elle. « L’été dernier, je me suis mise en tête de commencer à faire des séries de portraits de streetballers, quand ils sont d’accord évidemment. J’aimerais pousser le concept du portrait au-delà de la simple photo. Les basketteurs des Playgrounds partout dans le monde ont des choses à raconter sur le sport qu’ils pratiquent, le lien qu’ils ont construit avec le Basket, et j’aimerais développer un projet autour de ces histoires. Ça va me prendre du temps, mais les streetballers méritent qu’on leur accorde la parole, autant qu’aux superstars du Basket je crois. »

Playground de Langone Park, à Boston

Un projet unique

Amandine publie régulièrement son travail sur son compte Twitter, mais pas seulement ! En effet, ses photos ont été sélectionnées pour plusieurs expositions. Vous pourrez également retrouver ses photos dans THE PLAYGROUND, dont nous avons parlé récemment, un projet dans lequel elle est particulièrement investie.

Selon moi, les photographies d’Amandine sont exceptionnelles. Elles revêtent une dimension esthétique, culturelle, mais aussi artistique. Son projet est original et parfaitement réalisé. Les motivations d’Amandine, « très personnelles à l’origine » , l’ont poussé à adopter cette idée qui semblait s’imposer d’elle-même. Tous les éléments étaient réunis : l’amour du sport, de la photographie et des voyages. Bien sûr, c’est sans prétention que la photographe persévère dans ses séries de photos.

Au-delà de ce qui l’a poussé à lancer ce projet, de nombreuses raisons la poussent à l’aimer et à le poursuivre :

« Il y a plein d’aspects qui me plaisent énormément. D’abord, c’est un projet personnel, et ce à plusieurs niveaux : pour les raisons qui m’ont poussé à le commencer, mais aussi parce que je peux le mener dans mon coin, sans dépendre de personne. Depuis 3 ans, je me suis rendu compte que j’aimais également beaucoup le côté ‘fil rouge’ de ces séries photo : ce projet, je peux le laisser de côté pendant quelques mois, et y revenir quand je veux, je l’ai toujours dans un petit coin, sans avoir à m’y consacrer en continu non plus. D’ailleurs, quand il m’arrive d’être dans une phase un peu négative, quand les tracas ou les trucs compliqués s’accumulent, je me dis : « Bon allez, prends ton appareil, et vas sur les Playgrounds ! ». C’est ma façon de retourner à chaque fois vers du positif. »

Le voyage est une partie essentielle du travail d’Amandine. Elle ne s’est encore jamais déplacée expressément pour ce projet, mais « à chaque fois que je prends mon sac et des billets d’avion, je planifie d’aller faire des photos de terrains de rue », indique l’intéressée. Pour chaque voyage, elle cherche et localise les Playgrounds locaux les plus intéressants et part en photographier un maximum. Un moyen de gagner du temps et d’éliminer les terrains trop communs et les « city stades » sans saveur.

Playground de Denny Park, Seattle

Nous avons demandé à Amandine de ne choisir qu’une anecdote à raconter. Une question bien difficile pour la photographe qui pourrait en partager de nombreuses autres :

« À Seattle, il y a 2 ans, j’étais sur le terrain de Denny Park, il y avait trois gars qui jouaient. L’un d’eux est parti, et les deux autres sont venus discuter avec moi, en me demandant pourquoi je faisais des photos, si je travaillais pour un magazine… On a discuté, je dois reconnaître qu’ils m’impressionnaient un tout petit peu, je ne sais pas trop pourquoi à vrai dire. J’avais prévu d’aller voir un autre demi-terrain qui se trouvait un peu plus loin dans le quartier, alors je leur ai demandé s’ils le connaissaient, et ils m’ont filé des indications pour m’y rendre à pied. Je les ai salués, j’ai quitté le Playground, et au carrefour, pendant que j’attendais pour traverser, j’entends quelqu’un qui court dans mon sens puis qui crie mon prénom (avec cet accent américain très marqué) : un des deux garçons arrive à côté de moi, un peu essoufflé, et il me dit : « Attends Amandine, je vais bien te remontrer en détail sur ton plan où se trouve l’autre Playground, j’ai pas envie que tu te perdes ! » Si ce n’est pas la meilleure des raisons de parler des streetballers… »

Le travail d’Amandine nous fait voyager et découvrir des endroits magnifiques, parfois exotiques, au bord de la plage, et parfois très urbains, au cœur même d’une ville. Chaque photo est une véritable aventure et chaque photo a sa propre histoire, ses anecdotes et sa particularité.

Plus que de simples photos

Pour beaucoup d’entre nous, un Playgrounds n’est qu’un terrain de jeu. Il s’agit d’un lieu dédié au sport, deux paniers (ou un seul) qui permettent aux joueurs de s’affronter et de faire parler le ballon. Amandine voit les choses bien différemment. Les Playgrounds n’attendent que d’être photographiés, ils regorgent de possibilités et de potentiel esthétique. Même si, pour la photographe, ces endroits restent avant tout le territoire des joueurs :

« Comme je ne joue pas, ma perception des Playgrounds n’est effectivement pas du tout celle d’un basketteur, c’est certain ! Entendons-nous bien, je ne prends pas les Playgrounds pour des studios photo en plein air, ce sont avant tout des endroits qui appartiennent aux joueurs. Je me suis d’ailleurs fixé une règle : quand j’arrive sur un Playground où ça joue, je demande systématiquement s’ils sont d’accord pour que je photographie pendant qu’ils jouent. »

Un Playground d’Honolulu, à Hawaii

« Ce qui me plaît avec les Playgrounds, c’est que les possibilités photographiques sont nombreuses, on peut vraiment s’amuser à tester plein de cadrages différents, jouer avec les couleurs du sol ou celles d’un panneau, avec l’environnement autour selon qu’il soit végétal ou au contraire très urbain et bétonné … J’aime aussi les lignes sur les terrains, il y en a partout : celles du sol évidemment, mais aussi les lignes que peut dessiner une ombre au sol, les lignes verticales du panneau, celles d’un grillage autour. Un Playground, c’est un mélange de verticalité et d’horizontalité, et pour des photos, c’est super cool à travailler, on peut presque expérimenter à l’infini. D’autant que le but de mes séries photo, c’est avant tout d’aller voir des terrains les plus différents possible, dans des lieux différents, des villes et des pays qui ne se ressemblent jamais ! », explique-t-elle. « Et puis il y a le hasard et un peu la chance aussi qui entrent en jeu : la chance d’avoir un ciel bleu ou plein de nuages moutonneux (les deux sont une bénédiction en photo), d’avoir une lumière naturelle exceptionnelle parfois, d’être là au bon moment pour un coucher de soleil de folie. C’est aussi ça que j’adore dans ce projet photos, ne jamais savoir à l’avance comment sera le terrain où je vais, et si j’y serai au bon moment. »

Pour Amandine, la photographie est avant tout un témoignage. Elle relate l’histoire, immortalise des moments spéciaux et permet de faire durer le souvenir de joueurs qui ont illuminé la NBA et le monde du basket. « Je suis certaine que dans 10 ans, quand on se souviendra de la dernière saison de D.Wade en NBA, on repensera tous à ce buzzer beater de folie contre les Warriors, et en même temps à cette photo incroyable où il fait face au public les bras écartés avec ses coéquipiers juste derrière lui, une photo arrachée en une fraction de seconde par le photographe qui était au bon endroit, à l’instant T. », nous raconte la photographe. La photographie offre de très vastes possibilités et sa part d’expérimentation.

Ce sont aussi les personnes comme Amandine, qui portent un regard différent sur le jeu et sur le sport, qui contribuent à étendre la culture basket. Ils apportent de nouvelles perspectives sur une discipline que l’on pensait pourtant connaître sur le bout des doigts. Je vous invite personnellement à vous pencher sur le travail impressionnant de cette photographe.

Twitter : @AmandineB__
Site web : http://www.shoot-around.pro
@ : amandine@shoot-around.pro

[rev_slider alias= »amandine »]

Commenter

Commenter

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

En haut

L'Analyste a déménagé

Tous nos articles, podcasts et vidéos sont désormais à retrouver sur lanalyste.fr