Billy Donovan est-il le coach dont les Bulls ont besoin ?

par Teddy Perez
LOS ANGELES, CALIFORNIA - JANUARY 02: Billy Donovan of the Oklahoma City Thunder watches play from the sidelines during a 107-100 win over the Los Angeles Lakers at Staples Center on January 02, 2019 in Los Angeles, California. NOTE TO USER: User expressly acknowledges and agrees that, by downloading and or using this photograph, User is consenting to the terms and conditions of the Getty Images License Agreement. (Photo by Harry How/Getty Images)

Alors que l’intersaison n’a pas encore débuté, il se profile une vague de changement de coaches dans de nombreuses franchises NBA. Mardi soir, nous apprenions la nomination de Billy Donovan à la tête des Bulls. Parti du Thunder à la suite de son élimination au premier tour des Playoffs — en sept valeureux matchs — Billy Donovan a mis un terme à sa collaboration avec la franchise de l’Oklahoma, après cinq années de loyaux services. Il rejoint dès à présent Chicago pour 24 millions de dollars sur 4 ans, où il devra mener à bien un projet tourné vers la jeunesse, un défi qui lui colle à la peau. Ce déménagement soudain dans l’Illinois vient avec son lot de questions, l’une des premières : Billy Donovan est-il prêt à prendre le taureau par les cornes pour redorer l’image de cette franchise mythique ?

Billy et ses Kids

Avant Oklahoma City, Donovan a passé 19 saisons sur les bancs de la NCAA. Lors de sa dernière année dans l’Oklahoma, ses compétences pour faire progresser de jeunes joueurs talentueux ont su rappeler ses précédentes expériences au sein des facultés américaines. Assistant Coach des Wildcats du Kentucky pendant cinq ans, il est propulsé dès ses 28 ans à la tête d’une équipe universitaire. Il réalise une de ses plus grandes prouesses en 2006-07, lorsqu’il devient champion NCAA en back to back avec les Gators de Floride, une équipe comptant dans ses rangs Al Horford et le fils Noah.

En 2015, Billy Donovan est nommé pour la première fois à la tête d’une franchise NBA, dans laquelle il restera pendant cinq ans jusqu’à ce mois de septembre 2020. Chaque année passée dans l’Oklahoma se conclut par une qualification en Playoffs. Pourtant, aucune de ses cinq campagnes ne se ressemble. Du moins, elles se soldent toutes par de tristes défaites et mettent en lumière la nette faiblesse des ajustements techniques du Coaching Staff du Thunder. Finalement, la saison la plus satisfaisante de Donovan en tant qu’entraîneur de cette franchise est peut-être la dernière. Fortement aidé par un Chris Paul en mode patron, mobilisateur et métronome offensif, Billy Donovan a montré sa capacité à gérer un groupe — n’en déplaise à ses détracteurs !

Billy Donovan, Chris Paul et les autres joueurs du Oklahoma City Thunder face aux Chicago Bulls, L'Analyste
Billy Donovan et ses joueurs face aux Bulls, au United Center de Chicago. (Photo by Jonathan Daniel/Getty Images)

Depuis plusieurs saisons, les fans semblent se désintéresser de la franchise de Chicago. Bien souvent, les équipes composées de jeunes talents savent attirer des néo-fans. Prenons l’exemple récent du groupe des Grizzlies, mené par son tandem Ja Morant — Jaren Jackson Jr, qui a réussi en peu de temps à faire oublier l’époque du Grint and Grind. De même pour les Nets — qui ont réussi ces deux dernières années à se qualifier en Playoffs — où l’énergie dégagée par un collectif peu expérimenté leur a été plus que favorable. N’est-ce pas réellement cela, l’objectif à court terme des Bulls sous Donovan ? Peut-il, une seconde saison d’affilée créer la surprise avec l’équipe qu’il dirige ?

Avant le début de la saison, tous les spécialistes et passionnés de NBA voyaient la franchise d’OKC se noyer au fin fond de la Conférence Ouest. Et pourtant, avec un groupe où seulement deux joueurs dépassaient les 28 ans, Bilou nous a fait mentir. Plus que cela, il nous a fait plaisir ! L’un des principaux ajustements de Coach Donovan cette saison, a été ce parti pris de parfois s’appuyer sur un back court composé de trois joueurs au même moment sur le terrain. Une prise de risque payante puisque le Thunder s’est hissé fièrement à la cinquième place de la Conférence la plus compétitive de la ligue.

Une véritable solution ?

Aux Bulls, Donovan peut répéter l’exploit : déjouer les pronostics et ramener Chicago en Playoffs. Certes, cette conquête ne se fera pas en un jour, mais le nouveau management mis en place en avril dernier est bien décidé à rêver de postseason. Une aventure que la franchise n’a plus vécue depuis 2017 et une sortie au premier tour face aux Celtics.

Le premier travail réalisé par la paire Arturas Karnisovas (Président des Opérations Basketball) — Marc Eversley (General Manager) a été de remercier Jim Boylen, le 14 août dernier. L’ancien coach en chef a réalisé un piètre bilan de 39 victoires pour 84 défaites au cours ses presque deux saisons aux Bulls. Ajoutez à cela un body language révélateur d’une mésentente entre les joueurs et leur coach, poussez celui-ci vers la sortie était une nécessité.

Les Bulls repartent désormais à zéro — en ce qui concerne les acteurs hors-terrain de la franchise. Car oui, les joueurs vedettes de l’équipe auront à coup sûr envie de briller et soif de victoires au coup d’envoi de la prochaine saison. Chicago fait partie de ces équipes qui n’ont pas été conviées à rejoindre la bulle d’Orlando. Nul doute que ces professionnels de la balle orange auront hâte de fouler à nouveau les parquets de la grande ligue.

Avec en tête d’affiche un Zach LaVine dans le rôle de Franchise Player en apprentissage, le roster des Bulls possède quelques atouts en demande d’encadrement. Le Finlandais Lauri Markkanen d’abord, de par ses qualités au shoot très séduisantes, a su s’imposer comme un élément important pour l’avenir de la franchise dès ses premières saisons. Le combo guard Coby White, bientôt sophomore, apporte lui du dynamisme en sortie de banc. C’est aussi sur ce type de joueur qu’une équipe doit compter pour amener du spectaculaire et favoriser une augmentation de sa fanbase. Pour ce qui est des autres pièces intéressantes, on retrouve l’ancien pensionnaire de Duke, Wendell Carter Jr, presque en double-double sur sa seconde saison dans la grande ligue (11 points et 9 rebonds).

Zach LaVine (Chicago Bulls), L'Analyste
Zach LaVine, le jeune leader des Bulls. (Photo : Elsa/Getty Images)

Le sophomore, victime d’une bonne entorse il y a quelques mois, a davantage joué au poste de pivot au lieu de celui d’ailier fort — une position qu’il affectionne et qui devra être considérée par Billy Donovan si la franchise souhaite le conserver à long terme. Kris Dunn et Otto Porter Jr complète cette liste. Ces deux joueurs entrent respectivement dans leur quatrième et septième année en NBA. Ils devront alors élever leur niveau de jeu et guider l’équipe vers de meilleurs résultats — si toutefois ils font encore partie de ce collectif en 2021.

Pour la franchise de Chicago et pour le futur de la carrière de Billy Donovan, l’optimisme est de mise dans cette réunion. Mais les doutes subsistent également quant aux objectifs de la franchise. D’une part, nous venons de parler des attentes autour de cette équipe aux pièces attrayantes, mais il est impossible de savoir si Chicago repartira avec la même base au début de la prochaine saison. D’autre part, l’opinion majoritaire n’a pas bien évolué sur le dossier Billy Donovan. Oui, c’est un bon début pour relancer les résultats, une belle « affaire » sur le marché des Coachs en 2020 — quoiqu’un peu chère. Mais lorsqu’il faudra gagner dans les moments importants. Lorsqu’il faudra affronter des équipes de l’Est de plus en plus compétitives, pourra-t-on compter sur ce nouveau Head Coach ? C’est malheureux pour les fans des Bulls, mais il nous est aujourd’hui impossible de répondre par la positive et d’assurer la phrase suivante : « Pas d’inquiétude, Billy Donovan est l’homme de la situation. »

Le sens du sacrifice

Dans un contexte de crise économique liée à la pandémie, la franchise de Chicago a clairement montré qu’elle était prête à faire des sacrifices. En démarrant une grande reconstruction en interne, elle a choisi de dépenser des millions de dollars pour étoffer son Front Office et son banc, avec l’obligation d’indemniser leurs prédécesseurs. Président et coach, deux pièces très coûteuses sur le marché qui feront certainement venir dans leurs valises des membres de qualités dans leur staff respectif.

Sans avoir mentionné les projets propres au jeu, la mise en place du bureau tape déjà fort dans les caisses. Peu importe, on ne peut pas reprocher à la direction de la franchise d’investir gros dans cette — oui, on peut désormais l’annoncer — nouvelle page de l’histoire des Bulls. Si Chicago est prêt à tant de sacrifices, c’est bien une preuve que la ville cherche à se réconcilier avec la victoire. Après plusieurs années de galères, d’ennuis et de déception, il est grand temps que quelque chose change ! Les Bulls pensent d’ailleurs à recruter rapidement un joueur majeur pour revenir vite dans les hauteurs de leur Conférence.

Prête à tout tenter pour gagner, la franchise de l’Illinois s’est donc tournée vers Billy Donovan, un coach dont la spécialité n’est pas la gestion des stars. Allez demander à Kevin Durant, Westbrook ou « Playoffs P ». Pas sûr qu’ils louent les qualités de meneur d’hommes de leur ancien entraîneur. Soit, les Bulls veulent être actifs lors de la Free Agency 2021. Mais pour le moment, la priorité semble être la poursuite de la formation de ses jeunes pousses. Et, après mure réflexion, cela n’est pas une si une mauvaise chose avec Donovan à la manœuvre.

Les taureaux avancent vers une nouvelle ère. Ce Front Office audacieux ne se laisse pas effrayer par un marché instable et de minces rentrées d’argent. Il compte bien faire oublier toutes les mésaventures récentes qu’a connues la franchise. Le premier objectif était de trouver un remplaçant au coaching pour entamer la saison sur des bases saines : c’est chose faite avec le recrutement Billy Donovan ! Gardons un œil sur les prochaines décisions du bureau des Bulls, avec pour principale attente un retour au beau jeu dans un United Center qui mérite de revivre de grands moments.

Photo : Harry How/Getty Images

Lisez aussi

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Accepter En savoir plus