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DPOY Ranking : Qui sont les monstres défensifs ?

L’Analyste continue de se pencher sur la course aux trophées de cette saison 2019-2020. Cette fois-ci, voici notre analyse pour le Defensive Player of the Year. C’est le trophée qui met en avant les efforts défensifs, les gros contres sur la planche, le mindset de chien de garde et les serrages de points après avoir causé une perte de balle ou un passage en force. Dans une NBA plus offensive que jamais, avoir un expert défensif dans son escouade est une valeur ajoutée considérable — si ce n’est indispensable. Lumière sur ces cadors défensifs.

Critères de sélection :

  • Statistiques défensives individuelles
  • Performance defensive individuelle
  • Defensive Win Shares du joueur
  • Impact défensif du joueur sur le terrain

Mentions honorables : Rudy Gobert (Utah Jazz), Ben Simmons (Philadelphia 76ers), Marcus Smart (Boston Celtics), Joel Embiid (Philadelphia 76ers), Brook Lopez (Milwaukee Bucks), Bam Adebayo (Miami Heat)

Rappel statistique :

DWS (Defensive Win Share) : représente le nombre de victoires d’une équipe par rapport à l’effort défensif du joueur en particulier

FDGRP (Field Goals Defended at Rim Percent: Représente le pourcentage au shoot de joueurs adverses défendus par un joueur ou une équipe en particulier

DRtg (Defensive Rating) : nombre de points encaissés par un joueur ou une équipe sur 100 possessions (la vraie formule donne mal au crâne)

3. Eric Bledsoe, Milwaukee Bucks

Photo : Streeter Lecka/Getty Images

Stats saison 2019-2020 : 99.6 DRtg, 1.0 interception, 0.5 contre

Performance marquante : 3 rebonds, 4 interceptions, +26 et 7-23 au tir pour Lavine vs Chicago (30/12/2019)

Est-ce une surprise de retrouver Bledsoe à cette place ? Pas vraiment si l’on regarde ses stats défensives de plus près.

Bien qu’il ait toujours eu le physique et la « gueule » d’un bulldog défensif, le Bled’ n’a jamais eu de distinction défensive avant la saison dernière. Il a effectivement été sélectionné dans la First All NBA defensive Team. Facile quand on joue pour les Bucks ? Oui, mais non. Car si les daims ont la meilleure défense de la NBA et qu’ils encaissent peu de points, c’est en grande partie grâce à Bledsoe. Parce que oui, les Bucks sont un rouleau compresseur en attaque (merci Giannis) et n’en sont pas moins ridicules en défense… Non, loin de là.

Premier defensive rating de la ligue avec une moyenne 101.6 points encaissés sur 100 possessions, l’équipe de Budenholzer montre chaque match une mentalité et un comportement exemplaire en défense. Cette particularité du jeu des Bucks match parfaitement avec le type de joueur qu’est Bledsoe. Cela se ressent sur le terrain. Eric est défenseur solide, un molosse de 1m85 pour 92 kg de muscles. En plus de ça, le meneur est extrêmement athlétique et puissant sur ses appuis. Le tableau est dressé.

Dans une ère où les porteurs de balle règnent en maître sur le star système NBA, Bledsoe doit se coltiner le meneur adverse chaque soir. Et autant dire qu’il joue son rôle à merveille. La stat du Defensive Win Share permet de prendre en compte chaque facette défensive du jeu et comment la défense de l’équipe s’élève lorsqu’un joueur en particulier est sur le parquet. Le DWS de Bledsoe est de 2.9, ce chiffre représente en principe le nombre de victoires pour les Bucks dû à l’effort défensif de Bledsoe. En termes de points adverses en contre-attaque, le meneur des Bucks maintient solidement cette moyenne à seulement 7.1 pts, et seulement 22.2 pts dans la raquette par son adversaire direct. Autant dire qu’en contre-attaque, en open court ou sur jeu placé, Bledsoe fait le café. En effet, on peut régulièrement le voir persévérer lorsqu’il se retrouve seul en défense sur une contre-attaque et faire l’effort de lever la main vers un shooter ouvert dans le but de le gêner.

Sur les rares pertes de balle de Bucks, l’équipe reste solide et accorde très peu de points dans ce type de situation. Bledsoe n’en concède que 8.6, cela explique notamment le faible nombre de points pris en contre-attaque. Sur les stats de base, Bledsoe a toujours eu les mains actives en défense pour couper les lignes de passes ou voler le ballon des mains de son adversaire. Cette saison il tourne à 1 interception par match soit 23 % du total de son équipe. Toutes ces stats combinées, en tenant compte du temps passé sur le terrain (27.2 min), donnent à Éric un statut de monstre en défense. Le defensive rating du collectif est de 99.6 lorsqu’il est sur le terrain alors que celui-ci est de 101.1 lorsqu’il est sur le banc. Impressionnant pour un guard. Nul doute que Mini LeBron peut à nouveau se retrouver dans la First All NBA defensive Team à l’issue de cette saison. Une troisième place méritée dans une catégorie largement dominée par les intérieurs.

2. Anthony Davis, Los Angeles Lakers

Photo : Zhong Zhi/Getty Images

Stats saison 2019-2020 : 105.4 DRtg, 1.5 interception, 2.5 contres

Performance marquante : 8 rebonds, 2 interceptions, 3 contres, +27 vs Miami (08/11/2019)

Depuis son arrivée en NBA, AD a largement répondu aux attentes sur le plan défensif. Personne n’a douté en ses qualités offensives lorsque l’on voyait le potentiel du bonhomme en NCAA. Mais tout le monde savait quel monstre il allait devenir en défense. 7 ans plus tard, son palmarès parle pour lui : 3 fois meilleur contreur de la ligue et 3 fois nommé dans la All NBA defensive Team.

Et pourtant il manque LE trophée qui placerait Davis parmi les grands défenseurs de l’histoire — bon, Pippen n’a jamais remporté le trophée, mais c’est un autre débat. Après avoir fait les beaux jours des Pelicans, Davis a fait ses valises pour rejoindre son copain LeBron dans la mythique franchise des Lakers. Des Lakers coachés par Frank Vogel, coach défensif adepte des séquences défensives étouffantes. Une parfaite destination pour Davis. Non seulement parce qu’il atterrit dans une équipe dans laquelle chaque joueur est prêt à faire des efforts en défense, mais aussi parce qu’il se trouve dans un gros marché. C’est l’occasion pour lui d’être plus vu et de s’attitrer le statut de patron de la défense d’une équipe qui gagne.

Après plus de 60 matchs, Davis met tout le monde d’accord et se distingue parmi les tout meilleurs défenseurs de cette saison. 15e meilleur intercepteur avec 1.5 ballon volé par match, il est surtout 2e meilleur contreur avec 2.5 par match. Il représente 48 % du total des contres de son équipe et capte 28 % des rebonds défensifs. Statistiquement, l’allier des Lakers est partout. Ses longs bras et ses qualités athlétiques lui donnent un véritable avantage sur ses adversaires directs. Malgré sa longue taille, Davis est très mobile et solide, il gêne et dissuade les pénétrations dans la raquette et représente un vrai problème pour les intérieurs adverses.

En bref, Davis peut non seulement défendre sur les intérieurs, mais aussi les extérieurs. Une statistique intéressante pour illustrer cela est le Field Goals Defended at Rim Percent. Elle donne le pourcentage de shoot d’un adversaire lorsqu’un joueur ou une équipe bien précis(e) défend sur le panier. À ce petit jeu, Davis maintient son adversaire direct à 38.6 % alors que les Lakers tiennent l’équipe adverse à 46 % soit un différentiel de 8.2. Et ce même pourcentage sur uniquement le shoot à 2 points s’élève à 42 % lorsqu’un adversaire est défendu par AD. En termes de Defensive Win Share, Davis détient la deuxième meilleure évaluation de cette catégorie avec 4.0. En tout est pour tout, Davis pèse sur le terrain, de par ses contres spectaculaires, mais aussi et surtout sur les stats. Il est, sans contestation possible, le boss de la défense des Lakers. Cette saison pourrait bien être celle de la consécration pour le monosourcil. Mais pour cela il faudra que le numéro 1 se calme en défense — ce qui, entre nous, ne risque pas d’arriver !

1. Giannis Antetokounmpo, Milwaukee Bucks

Photo : Christian Petersen/Getty Images

Stats saison 2019-2020 : 96.5 DRtg, 1.0 interception, 1.0 contre

Performance marquante : 10 rebonds, 3 interceptions, 1 contre et 2-12 au tir pour Markannen vs Chicago (18/11/2019)

Encore lui…

Cette saison, Antetokounmpo pourrait réaliser l’exploit d’être élu MVP de la ligue et meilleur défenseur. Il rejoindrait alors un certain Michael Jeffrey Jordan ainsi qu’Hakeem Olajuwon, devenant le troisième joueur de l’histoire à remporter ces deux distinctions la même saison.

Le daim est exceptionnel en défense, et c’est un euphémisme. Au même titre que Bledsoe, jouer dans la meilleure équipe défensive de la ligue donne un gros avantage. Mais lorsqu’on pèse autant sur la défense de son équipe, on mérite cette première place. Excellent en défense ? Ce n’est pas nouveau pour Giannis, lui qui a déjà été élu à 2 reprises dans la All NBA defensive Team. Mais depuis deux saisons, on sent que le numéro 34 a pris une nouvelle ampleur et se classe parmi les meilleurs défenseurs de la ligue, intérieurs et extérieurs, c’est ça qui est effrayant d’ailleurs.

Tenez-vous bien parce que la suite est statistiquement effarante. Il y a une différence de 7.6 sur le defensive rating de l’équipe lorsque Giannis est sur le terrain (96.5) et lorsqu’il est sur le banc (104.1). Soit un des différentiels les plus importants de la ligue pour les joueurs à plus de 30 min par match. Parmi les 50 meilleurs intercepteurs avec 1.0 steal et dans les 40 meilleurs contreurs cette saison, Antetokounmpo n’encaisse que 23.3 pts dans la raquette. Et lorsque l’adversaire direct récupère un rebond, il ne concède que 6.7 unités sur 2e chance.

Au-delà du DRtg, c’est vraiment dans les stats avancées que l’on prend la mesure de l’impact défensif de Giannis sur le terrain. Le Defensive Win Share de Giannis cette saison est de 4.8, le meilleur de la ligue. À moins de 2 mètres du panier, le joueur maintient son adversaire direct à seulement 41.9 % au tir. Pour vous donner une idée de la distance, ce sont les shoots dans la peinture. À titre de comparaison, sur cette même stat, Davis est à 50.9 %. Et plus fou encore, sur la stat du Field Goals Defended at Rim Percent, lorsqu’un joueur est défendu par Giannis, son pourcentage au shoot est de 36.1 %, un cauchemar…

Oui, les qualités athlétiques et les mensurations de cet athlète unique lui donnent un avantage certain. Ses bras et ses immenses mains sont une barrière naturelle contre l’attaque adverse. Giannis est dissuasif avec son envergure de 2,21 m — oui oui — et flippant quand on s’approche de son cercle de peur de se faire bâcher sévèrement. Parce qu’il faut dire que le garçon est tellement long qu’on a l’impression qu’il est partout sur le parquet.

Giannis est donc logiquement le candidat le plus susceptible de remporter ce titre de meilleur défenseur de l’année pour cette saison. Mais prenez juste 10 secondes pour vous imaginer… Vous êtes sur un jeu demi-terrain, vous recevez la balle pensant pouvoir driver, mais c’est Giannis qui se présente devant vous, les bras écartés. Il brouille presque 15 % de la surface devant vous, vous ressortez alors la balle, elle vous revient dans les mains. Vous êtes derrière la ligne à 3 points, prêt à shooter dans le corner opposé, à peine le temps de lever la tête que… Giannis se présente de nouveau devant vous, seulement 3 secondes après. Vous savez que vous n’avez — théoriquement — que 31 % de chance de rentrer le shoot face à lui, un cauchemar. La prochaine fois que vous regardez un match des Bucks, pensez-y.

Photo : Harry How/Getty Images

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