Depuis quelques temps déjà, le Jazz enchaîne les bonnes saisons comme les petits pains, du moins avant la postseason. Car si la saison précédente s’était terminée sur une note positive en Playoffs, le tirage fut plus compliqué pour Utah cette année. Grâce à un Mitchell et un Gobert de gala, la franchise a évolué à un niveau intéressant et, surtout, le Jazz est devenu bien plus attractifs pour beaucoup d’observateurs.

LES POINTS POSITIFS DE LA SAISON

La confirmation de Donovan Mitchell : Sélectionné en 13e position de la Draft 2017, Donovan Mitchell avait déjà impressionné par ses qualités de pénétration, son adresse extérieure qui s’était bonifiée de mois en mois et, surtout, sa défense, lui permettant de s’intégrer parfaitement dans l’effectif du Jazz. Il avait même été dans la course au Rookie de l’année, devancé par Ben Simmons. Cette deuxième saison était donc celle de la confirmation. Les débuts sont poussifs, voire même irréguliers. Gêné par des problèmes physiques, Mitchell peinent à retrouver son explosivité de la saison dernière. Bien entouré par un collectif presque dédié à sa cause, le jeune arrière va rapidement reprendre confiance en son shoot et enchaîne alors les performances de haut vol, dont un dernier match décisif face à Denver dans lequel il marquera 46 points, son record en carrière. Avec une saison à 23,8 points, 4,1 passes et 4,2 rebonds de moyenne, Donovan Mitchell aura su répondre aux attentes. Le sophomore montre, cette année encore, qu’il sera l’un des prochains visages de la NBA et que Utah a trouvé en lui un potentiel franchise player.

La défense de Utah : Dans l’ADN du Jazz, difficile de passer à côté de la défense. Véritable pilier du jeu de l’équipe, le coaching développé par Quin Snyder permet à l’effectif de briller avec ce genre de dispositif. Depuis plusieurs saisons, la franchise est d’ailleurs mise en avant dans cette catégorie statistique. Sur la saison 2016-2017, ainsi que sur la saison 2017-2018, Utah est l’équipe qui encaisse le moins de points de la part de ses adversaires de toute la ligue (respectivement 96,8 et 99,8 points encaissés par match). Avec l’augmentation du rythme de jeu depuis deux ans, les résultats en termes de points sont moindres, mais le classement est toujours bon (4e meilleure équipe avec 106,5 points encaissés en moyenne). Cette solidité défensive est, bien sûr, mise en avant grâce à l’impact de Rudy Gobert depuis son arrivée dans la franchise des lacs salés. Le meilleur défenseur de la saison 2017-18 continue d’impressionner de par sa capacité à défendre l’arceau. Sur cette saison, il enregistre 2,3 contres et 12,9 rebonds de moyenne. Il est le joueur le plus dissuasif de la NBA, ce qui lui permet de rester dans la course directe pour obtenir un deuxième titre de défenseur de l’année consécutif. Bien entouré par des joueurs agressifs à l’image de Joe Ingles, la Stiffle Tower est la base de la défense de Utah. Dans une NBA ultra-offensive, la carte de la défense peut être le facteur X des futures saisons du Jazz.

La continuité du projet : À la fin de la saison 2015-2016, Gordon Hayward, véritable joyau du Jazz, décide de faire ses valises pour rejoindre Boston à l’Est. Tout le monde annonce alors Utah dans les profondeurs du classement. Trois ans après, et trois campagnes de Playoffs plus tard, Utah a bien avancé dans son processus de progression. La régularité dans l’effectif est vraiment l’un des facteurs importants de la continuité du projet de la franchise, année après année. Avec une moyenne de 50 victoires par saison, Utah s’impose comme l’une des places fortes de la Conférence Ouest, où remporter des matchs n’est pas chose aisée. Pour le moment en manque de réussite en post season, le Jazz a à chaque fois buté sur une franchise plus talentueuse ou mieux préparée à la dureté d’une campagne de playoffs. Avec Ricky Rubio aux commandes et Rudy Gobert en tour de défense, le collectif peut compter aussi sur Derrick Favors en éboueur de minutes, sur la hargne et le tir extérieur de Joe Ingles et la fougue de Donovan Mitchell. Le Jazz confirme son objectif de construire un effectif sur le long terme, même si les rumeurs font mention d’un possible changement à l’orée de la saison 2019-2020.

LES POINTS NÉGATIFS DE LA SAISON

Un seul tour de Playoffs : Qu’il est difficile de briller dans la Conférence Ouest une fois passée la saison régulière. Cette année encore, Utah ne déroge pas à la règle. En affrontant Houston au premier tour, il est vrai que les probabilités de chance de voir la franchise passer ce tour étaient faibles, mais pas pas inexistantes. Cependant, le « Beardman » est impitoyable, et le Jazz en a fait les frais à chaque match. Le score final de 4-1 peut paraître sévère, mais Utah aura tenté de montrer l’étendue de ses capacités, au moins sur les 3 derniers match puisque les deux premiers ont été des blow-out de la part des Rockets (-26 points de moyenne). Il s’agit sans doute d’un axe d’amélioration pour la franchise pour les années suivantes. Malgré un effectif solide et deux stars en Rudy Gobert et Donovan Mitchell, la mène est un problème. Rubio, bien que plein d’envie, n’a pas le niveau pour être le chef d’orchestre de l’une des meilleures équipes de la ligue. Ce problème se déporte également aux ailes, occupées par Favors et Ingles, deux joueurs qui pourraient servir de monnaie d’échange dans un potentiel transfert cet été. En tout cas, Utah ne peut pas continuer à stagner en Playoffs au risque de voir ses stars faire voile vers de nouveaux horizons, comme Gordon Hayward avant eux, pour tenter d’ajouter une bague à leur collection.

Le banc du Jazz : Le banc du Jazz reste encore largement à développer pour que la franchise puisse être compétitive dans les années à venir. Au poste de meneur, les blessures à répétition de Dante Exum et Raul Neto ont parfois contraint le management à faire jouer Mitchell au poste 1, en rotation avec Ricky Rubio. Kyle Korver a assuré le spectacle à l’arrière, mais, à 37 ans, ses belles années sont derrière lui et le joueur n’est plus capable d’assumer un temps de jeu élevé. Le rookie Grayson Allen a parfois montré de belles choses, il pourrait devenir un bon joueur de sortie de banc. Jae Crowder a été très performant, mais parfois en manque de régularité d’un match à l’autre, Thabo Sefolosha n’a jamais été assez efficace pour se reposer sur lui. Enfin, le Jazz manque d’intérieurs sur le banc. Un bon rebondeur en sortie de banc pourrait être un excellent atout pour la suite. Si les jeunes à développer, comme Allen ou Niang, feront certainement partie du paysage pour les prochaines saisons, les changements vont et devront être assez importants, quitte à ce que le front-office adopte une approche radicale.

LE PROJET DU JAZZ : CRÉER UN BIG THREE POUR TOUT CHANGER

Avec un peu de cap space disponible, le Jazz pourrait se tourner vers les gros agents libres. Avec Tobias Harris, l’intérêt serait mutuel. Harris et son profil d’ailier offensif, avec des qualités des deux côtés du terrain, pourraient correspondre au style de jeu développé par les hommes de Quin Snyder. En fin de contrat avec les Sixers, le joueur aurait des velléités de départ et un effectif qui ne contient pas des superstars conviendrait au joueur puisque celui-ci lui permettrait sans aucun doute de briller. Paul Millsap serait également un joueur intéressant pour une équipe comme le Jazz. À 34 ans, le vétéran chercherait une équipe pour finir sa carrière tranquillement, rejoindre la franchise qui l’a transféré pourrait être une bonne occasion de boucler la boucle.

Les rumeurs les plus récentes nous laissent envisager un trade entre Memphis et la franchise de Salt Lake City. Ricky Rubio, en fin de contrat, ne serait pas la priorité de Utah qui chercherait un joueur plus performant pour le remplacer. De leur côté, les Grizzlies doivent préparer le terrain pour Ja Morant. Se séparer du contrat long et couteux de Mike Conley permettrait à la franchise de lancer un nouveau projet. Utah arrive à point nommé. La franchise a suffisamment de masse salariale, une place disponible et a besoin de joueurs vétérans. L’apport de Conley pourrait permettre à Utah de se reposer sur la vision de jeu d’un meneur agressif, mais également très précis en transition. Son expérience pourrait contribuer au développement de certains jeunes, comme Donovan Mitchell, qui aura l’occasion d’ajouter une corde à son arc avec un jeu basé sur la passe. Joe Ingles pourrait alors faire le chemin inverse. Dans ce cas de figure, le Jazz devra se solidifier avec l’ajout d’un ailier de qualité, car une faiblesse à ce poste, assez exposé dans la NBA moderne, ne pardonnera pas dans la Conference Ouest. Trevor Ariza pourrait alors devenir la cible de Utah, tout comme Bojan Bogdanovic, dans un registre complètement diffèrent car beaucoup plus offensif.

Le Jazz arrive au terme d’une saison rassurante. L’équipe aura néanmoins montré ses limites dans sa courte campagne de Playoffs. Malgré l’arrivée probable de Mike Conley, Utah aura du pain sur la planche pour construire un effectif compétitif. Un joueur comme Conley, a lui seul, aura du mal à faire passer un cap à Utah pour que l’équipe puisse tutoyer les Finales de Conférence. La direction du Jazz devrait être très active à l’intersaison.

Bilan de la saison 2018-19 : Utah Jazz
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